ÉTAPE 2

La reconsolidation

Chaque fois qu’on repense à un souvenir, il refait le même chemin de la mémoire court terme vers la mémoire long terme que la première fois où on l’a enregistré dans le cerveau. Le souvenir est toutefois moins intense et les émotions qui y sont rattachées s’atténuent avec le temps. Sauf pour les victimes de stress post-traumatique. Pour elles, les émotions sont aussi vives chaque fois qu’elles repensent au souvenir. Elles ressentent la même panique, la même peur que le tout premier jour.

Attentats de Paris

Comment reprogrammer la mémoire ?

Le trouble de stress post-traumatique est lié à un souvenir. Le souvenir d’un accident, d’une agression, d’un attentat terroriste, qui fait vivre jour après jour à celui qu’il hante des émotions aussi intenses que le traumatisme lui-même. Pour le traiter, Alain Brunet reprogramme la mémoire. Explications.

Reprogrammer la mémoire

Modifier les souvenirs

Un souvenir, même permanent, peut être modifié, altéré, reprogrammé. Voilà le but de la « méthode Brunet ». « Si on peut diminuer la force du souvenir, on peut traiter le stress post-traumatique », dit le professeur. C’est à l’étape de la reconsolidation qu’il faut intervenir, au moment où les victimes des attentats repensent aux événements. On utilise alors un médicament, le propranolol (habituellement utilisé dans le traitement des migraines), pour interférer avec le processus chimique du cerveau lorsqu’il envoie le souvenir vers la mémoire long terme. Le médicament bloque les hormones de stress et atténue le côté émotif du souvenir. Avec le temps, le souvenir de l’événement lui-même est toujours bien vivant, mais les émotions qui y sont associées se sont affaiblies.

Reprogrammer la mémoire

Six fois 15 minutes

Le traitement demande six séances d’environ 15 minutes, une par semaine. Avant chaque séance, le patient prend une dose de propranolol. Lors de la première rencontre, on demande à la victime d’écrire un compte rendu de l’événement traumatisant. « Ça n’a pas besoin d’être bien long. On ne veut que la partie la plus choquante », explique M. Brunet. Lors des séances suivantes, le patient relit à haute voix son récit. Au fil des semaines, le texte correspond de moins en moins à ce que ressent la victime. La charge émotive qui y était initialement associée est de moins en moins forte.

ÉTAPE 1

LA CONSOLIDATION

C’est le processus neurologique lors duquel un événement, n’importe lequel, est encodé dans le cerveau. Le souvenir de cet événement passe de la mémoire court terme à la mémoire long terme. Ça prend entre deux et cinq heures. Une fois qu’un souvenir est gravé dans la mémoire long terme, il y reste pour la vie. Évidemment, ce ne sont pas tous les souvenirs qui s’y rendent. Les distractions ou le manque de concentration, par exemple, peuvent interférer avec l’encodage et ainsi modifier ou effacer un souvenir avant qu’il n’atteigne la mémoire long terme. Les moments plus émotifs ou plus stressants – un délicieux repas, une déclaration d’amour ou, ici, les attentats de Paris – y trouvent plus facilement leur chemin. Lorsqu’il est stressé, le corps sécrète une hormone qui facilite ce chemin.

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